jeudi, mai 04, 2006

Clearstream et le secret

Que penser de l'affaire Clearstream? La presse se fait l'écho de la radicalisation d'une partie de l'électorat de droite (ce qui veut probablement dire qu'ils seront plus nombreux à voter pour le Front National et son candidat aux prochaines présidentielles). Peut-être serait-il temps qu'un certain nombre de politiques reprennent leur sang-froid et analysent ce qui se passe avec un peu de bon sens et en tirent les conséquences pour demain.
Ce que l'on reproche à Villepin n'est rien d'autre qu'une mauvaise manipulation comme il s'en fait régulièrement. Il a voulu profiter d'informations douteuses pour glisser une peau de banane sur le chemin d'un adversaire politique. En soi, rien que très banal, pas très glorieux, pas infamant, non plus même si aucune règle n'a été respectée comme le signalait ce matin sur France Inter François Hollande.
Ce qui est étonnant, remarquable, c'est que ce qui aurait pu n'être qu'un non-événement ait pris ces proportions. Et cela, grâce aux lettres anonymes, à la justice et… à la presse. Nous vivons dans une société dans laquelle on ne peut plus garder aucun secret. C'est parce que nos politiques ne l'ont pas compris qu'ils se trouvent si régulièrement pris les doigts dans la confiture. Il serait temps qu'ils y réfléchissent et qu'ils nous disent comment ils comptent gouverner dans une société où toute information, même la plus secrète (que l'on pense aux accusations d'espionnages faites à Charles Hernu que François Mitterrand avait fait classer secret d'Etat et qu'on a si rapidement connue) epput à tout moment être révélée au public.
La question du secret n'est pas nouvelle. Lorsque l'on visite les appartements privés de Louis XV à Versailles, le guide explique que le roi soupçonnait ses domestiques (3000 frotteurs de parquet, des centaines de cuisiniers…) d'être des espions en puissance. Pour lutter contre cela il a fait construire un meuble secret (un secrétaire) et des appartements dont l'entretien demande peu de personnel et qui rendent difficile l'écoute aux portes. Mais il semble bien que nous soyons dans une situation où les solutions techniques ne sont plus en mesure d'éviter la propagaton du secret. Ce sont les méthodes de gouvernement qu'il faut probablement changer. Mais comment?
On peut aborder la question de plusieurs manières :
- sur un plan tactique, on peut se demander comment Villepin aurait pu éviter cette catastrophe? à quel moment aurait-il du avertir Sarkozy des soupçons qui pesaient sur lui?
- sur le plan moral : peut-on gouverner sans secret?
- sur le plan stratégique : lorsque l'on est pris la main dans le pot de confiture faut-il nier jusqu'au dernier moment? doit-on avouer?

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