mercredi, février 13, 2008

De la torture à l'intelligence artificielle

Nos lectures parallèles nous amènent parfois à d'étranges questions.

J'ai actuellement sur ma table de travail Brainstorms, un recueil de Daniel Dennett (le philosophe américain) que j'ai consulté pour la deuxième version de mon livre sur le management Google (en deux mots et pour ceux que cela intriguerait, j'y oppose les réserves à l'égard de la technique de la culture et des philosophes européens, comme Heidegger ou Ellul, à la confiance que lui font les Américains, confiance dont je vois un témoignage dans la manière dont Dennett, Fodor, Putnam et quelques autres, ont abordé les questions de l'intelligence artificielle) et la biographie de Jean Améry, un essayiste et romancier autrichien qui a vécu en France, en Belgique et en Allemagne et a écrit des textes importants sur la torture, sujet sur lequel j'ai travaillé il y a peu (voir Tortures en Irak : l'inquiétante candeur américaine publié dans les Temps Modernes).

Dans l'un des articles de ce recueil, Dennett se demande si un ordinateur peut ressentir de la douleur. Cet article s'achève sur ces quelques mot : "thoughtful people would refrain from kicking such a robot". Améry explique, lui, que la torture nous déshumanise, "fait de nous un corps, abolit la contradiction de la mort et nous fait vivre notre propre mort." Et ajoute : "celui qui a été torturé reste un torturé (…) Je pendouille toujours, vingt deux après, suspendu au bout de mes bras disloqués à un mètre du sol."

D'où cette question qui m'est venue à l'esprit et que j'aimerais poser à Dennett : peut-on torturer un robot?

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