lundi, août 15, 2011

La dette, la gauche, l'impôt et les classes populaires

Les principaux candidats socialistes ont donc choisi de lutter contre l'endettement. Ils le feront en supprimant les niches fiscales, en augmentant l'impôt des plus riches (et, peut-être des sociétés) en touchant a minima à la fonction publique et aux dépenses sociales. Programme conçu pour protéger les classes populaires et éviter que ne se creusent un peu plus les inégalités. Programme responsable, raisonnable qui associe souci de l'équité et compétence. Programme qui pourrait cependant se heurter aux réserves, voire à l'opposition d'une bonne partie de ces classes populaires qu'il vise, cependant, à protéger.

Plusieurs phénomènes bien analysés par les sciences sociales peuvent contribuer à expliquer ce paradoxe :
- le sentiment de distinction : les pauvres sont rarement ravis de voir plus pauvres qu'eux bénéficier de mesures qui aident ceux-ci à les rattraper : les plus hostiles à l'augmentation du salaire minimum sont souvent ceux qui ont juste un peu plus et qui craignent une "dégradation" de leur statut ;
- ce même sentiment de "distinction" peut amener les classes populaires à accepter la baisse des financements accordés au SAMU social si celui sert surtout à aider des familles africaines comme les reportages sur les récentes manifestations du DAL à Paris ont pu en donner l'impression (n'étaient interviewées que des africaines en boubou) ;
- les mécanismes de défense et le refus d'insulter l'avenir : s'opposer à l'augmentation d'impôts qu'on ne paiera pas peut être une manière de se dire : tout n'est pas perdu, j'ai moi aussi une chance de devenir riche...
- le sentiment de justice qui peut conduire à préférer perdre un avantage plutôt que de voir d'autres en obtenir un plus important comme le montrent tous ces jeux où l'on propose à deux joueurs une somme qu'ils obtiendront s'ils tombent d'accord sur un partage. Si l'un veut s'approprier 70%, l'autre préfèrera souvent abandonner 30% plutôt que de voir l'autre avoir plus que lui.

Cela ne veut pas dire que les projets socialistes devraient être abandonnés mais qu'il faudra donner de bons arguments pour les vendre.

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