jeudi, août 25, 2011

Un Prix Nobel, la durée du travail et le chômage

Le rédacteur de la rubrique Free Exchange de The Economist est actuellement à Landau, ville d’Allemagne où se réunissent régulièrement des économistes de haut vol. Parmi ceux-ci, Chris Pissarides, l’un des trois lauréats du prix Nobel d’économie en 2010. Spécialiste du marché du travail enseignant à la LSE, il explique que, à l’inverse de la vulgate économique, l’allongement de la durée du travail n’est pas forcément synonyme de création d’emplois. Bien au contraire, il montre que la Grèce, pays au taux de chômage élevé (54% seulement de la population en âge de travailler a un emploi) a également une durée du travail élevée (1135 heures par an en moyenne pour ceux qui ont un emploi) tandis que les Pays-bas, pays au taux de chômage relativement faible (75% de la population en âge de travailler a un emploi) ont une durée du travail courte (1066 heures par an). En Grèce, explique-t-il, une réglementation qui rend difficile le recrutement en temps partiel freine le recrutement de personnel lorsque le besoin s’en fait sentir : l’employeur préfère donner plus de travail à ses personnels. A l’inverse, l’économie hollandaise ajoute des emplois chaque fois que la charge de travail augmente. Elle est donc plus efficace.

Je ne suis pas sûr que Pissarides irait jusqu’à défendre la réduction du temps de travail, il milite plutôt pour l’introduction de plus de flexibilité dans le contrat de travail. Dans un papier de 2008 (The Ins and Outs of European Unemployment), il attribue le chômage en France à une réglementation qui protège les salariés et rend leur licenciement difficile, mais son exemple apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui pensent que la promotion des heures supplémentaires était une sottise et qu’il faut revenir dessus.

J’ajouterai qu’en ces matières, il faut être prudent tant les statistiques du chômage peuvent être trompeuses. Dans plusieurs pays, la réalité du chômage est masquée par toute une série d’artifices : prisonniers américains (0,7% de la population), handicapés néerlandais (9% de la population était considérée comme inapte au travail aux Pays-Bas en 2003 du fait d’un handicap contre 4,1% en Allemagne), étudiants français…


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