dimanche, octobre 02, 2011

Affaire Takiédine : une étrange conception de l'Etat

Les économistes ont longuement discuté du rôle de l'Etat dans l'économie. On le savait investisseur, régulateur, éventuellement entrepreneur, souvent client, on le découvre, à l'occasion de cette affaire Takiédine, agent commercial de quelques grandes entreprises.

Ce n'est pas une totale découverte, nos Présidents ont toujours aimé emmener dans leurs voyages des chefs d'entreprise, ils nous ont souvent infligé des photos de signatures de contrat à la soviétique, mais on ne prenait pas cela au sérieux. On n'y voyait qu'une manière de faire leur publicité. On découvre que c'est tout à fait sérieux, que les plus hautes instances de l'Etat participent aux négociations, prennent des avions en cachette pour rencontrer des clients et faire le travail des directions commerciales, négocier des faveurs diplomatiques contre des contrats pour quelques entreprises amies ou publiques.

C'est évidemment très malsain. On comprend bien l'ambition des politiques : apporter du travail aux entreprises françaises, mais lorsqu'on lit dans l'interview que Takiédine a donnée à Libération, que Balladur attendait de la signature du contrat sur les vedettes (trois vedettes) la création de 25 000 emplois, on se pince. Où sont-ils? Et que sont-ils devenus maintenant que ces vedettes ont été livrées? Les politiques se laisseraient intoxiquer par les entreprises qui sollicitent leur aide que je ne serais pas autrement surpris.

Comment, par ailleurs, éviter que les entreprises bénéficiaires ne renvoient l'ascenseur. Dans l'affaire Takiédine, cela est passé par des rétrocommissions qui sont illégales, mais quand Dassault rachète le Figaro dont il fait un tract de propagande pour l'Elysée, il renvoie également l'ascenseur tout à fait légalement.

Il serait bon qu'à l'occasion de la prochaine campagne présidentielle, la gauche mette ce sujet sur le tapis et rappelle que nous n'élisons pas un super directeur commercial mais un Président de la République. Ce n'est pas la même chose.

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